Cette première édition de Ginger Juice Festival est une première pierre qui met la lumière sur l’afro veganisme. La programmation axée sur le sujet a créé une ambiance et une atmosphère qui a nourrit le corps, l’esprit et les sens.
« Quand tu viens à la Ginger Juice, tu sais que tu vas t’amuser. Tu vas rencontrer des gens. Tu vas peut-être te poser des questions. Tu vas apprendre des choses mais tu vas quand même t’amuser et boire des shots » annonce Oumy HK, l’une des fondatrices de Ginger Juice. Le festival d’hiver parisien dont le premier volet a mis un accent spécial sur l’afro veganisme avec toute la culture gastronomique en lien et toutes les formes d’art et d’artisanat.
Un voyage pour la gastronomie du futur
Pour cette première, les festivités se sont déroulées à la REcyclerie à Paris. Le restaurant 100% afro vegan, L’Embuscade Pigalle, a ouvert son bar à cocktail 100% végétalien pour l’occasion. Et c’est en plein XVIIIe arrondissement que Sosoté, le tout premier fast food 100% afro vegan, a régalé les papilles en proposant de la street food dans la même veine. Pour garantir cette ambiance promise par le collectif Ginger Juice, Havana Vintage Club, l’un des sponsors de l’évènement, a assuré animations et dégustations tout le weekend.
Et le long des anciens quais de l’ancienne gare de la Petite Ceinture de Paris, un marché a été mis en place. Différents stands food disséminés ont émoustillé les papilles. Le voyage culinaire axé sur la cuisine végétale a été tenu avec des touches de dégustations afro. Jus d’hibiscus. Chocolat au bissap. Coco rapé. Mangue ou ananas séchés. Jus de fruit de baobab et ses variantes. Noix de cajoux truffe. Et bien d’autres saveurs vegan ont contenté les palais. Des ateliers culinaires vegan animés par des cheffes pâtissières ont participé à hisser cette première édition au rang de festival parisien de la « gastronomie du futur ».
« Une alimentation ancestrale africaine »
Les corps comme les esprits ont été nourris durant ce festival. Et le public a répondu présent. Echange, questionnement, partage ont animé les différents talks présentés lors de ce festival.
L’experte en nutrition végétale et auteure, Cynthia Kå, a partagé son parcours avec « l’afro veganisme et son corps ». Son objectif a été de maintenir « sa santé ». Pour celle qui a connu un cancer du sein très tôt, le cheminement a consisté à « végétaliser son alimentation tout en gardant les nutriments nécessaires. Et je suis arrivée vers une alimentation ancestrale africaine » explique-t-elle. Pour celle qui se revendique « plant based (ndlr, à base de plantes), c’est un retour au source ». Et elle ne jure qu’à travers les « trésors nutritifs de ses ancêtres. Honorer mon passé, tout en nourrissant mon avenir et ma santé » souligne la naturopathe. Très célèbre sur les réseaux sociaux, elle met la culture ancestrale alimentaire au centre de la table. Les légumes racine, la sauce gombo, les tubercules, le ndolé, les légumes à feuilles et bien d’autres, définissent le régime alimentaire ancestral africain de Cynthia Kå, dont la mère est originaire du continent*.
Eveil à l’afro veganisme
Sur le boulevard Ornano, ce 2 et 3 décembre, l’afro veganisme a été mis à l’honneur et a été honoré. Le débat a été vif et très enrichissant. Les interventions des uns et des autres ont poussé à se questionner sur cette thématique dite « réservées à l’Occident ». Pour la cheffe et conférencière, Nathalie Brigaud Ngoum, « ce n’est pas réservé qu’aux occidentaux. C’est juste une question de marketing et de bruit ». Est-ce qu’on augmente le volume ou bien?* Anciennement ingénieur marketing, pour elle, « l’Afrique est le paradis des vegans. L’assaisonnement et les épices sont là » ajoute-elle en souriant. La cheffe a parlé vrai vrai*. Celle qu’on nomme vegan friendly confirme son amour pour le travail du végétal. Elle a la connaissance et la science des produits. Ce détail lui donne accès à une clientèle vegan.
« En Afrique, on parle plus de cuisine végétale. C’est un mode alimentaire ancré dans le paysage. Mais on n’utilise pas le mot veganisme. C’est en Occident qu’il est plus utilisé » souligne Charlotte Plantankh, podcasteuse et spécialiste de l’afro veganisme.
Alexis Peskine, l’artiste plasticien d’origine afro brésilienne évoque sa phase « d’éveil, de conscientisation » sur l’afro veganisme et la perception qu’on peut en avoir. Pour celui qui a baroudé aux Etats-Unis, son afro veganisme a été en partie nourri par la multitude de restaurants soul food.
« Des thématiques conscientes mais festives »
L’ambiance pili pili* a été au rendez-vous pour ce premier weekend de décembre. Entre les différentes activités et la programmation riche mises sur pied par Ginger Juice, la REcyclerie a bouillonné de toutes parts. Le festival afro vegan qui porte aussi d’autres styles d’art en lien avec la culture afro a enjaillé* le coin. Dj set. Concerts. Performances live. La musique afro a épicé le coin le temps d’un weekend. L’itinéraire gustatif aux accents afro vegan où la culture afro saupoudrée de la magie de Noël et pas du cube maggi, a pris vie sur deux jours au travers du Ginger Juice festival. Il a su nourrir les sens pour un weekend de décembre frisquet. Le collectif né de l’association entre le restaurant, L’Embuscade Pigalle et Wild Kitchen Paris, s’est donné pour mission d’aborder des thématiques conscientes mais festives » souligne Oumy HK. Et pour une première, ça a été quelque chose*.