L’univers culinaire afro n’est pas en reste face à la nouvelle tendance des épiceries restaurant ou épiceries cantine. Il y a environ un an, Soré a ouvert la voie dans la capitale française. Où Épicerie fine et cantine se côtoient pour fournir une nouvelle offre tournée sur la culture culinaire africaine.
Rue de Marseille, dans le 10e arrondissement de Paris, c’est Soré. Devanture blanche ou bleu canard, les deux espaces mitoyens vous plongent au cœur de la gastronomie africaine. L’épicerie fine est séparée de la cantine par deux portes cochères. Ce concept destiné aux produits exotiques et aux cuisines africaines « propose une offre alimentaire globale de qualité accessible aussi bien aux connaisseurs qu’aux non-connaisseurs » souligne la patronne des lieux, Sophie Behar.
Un havre culinaire et exotique
Dans le quartier du canal Saint Martin, la toute première épicerie cantine africaine a vu le jour. L’amour de Sophie Behar pour la nourriture et son ouverture aux cultures du monde ainsi qu’au terroir français l’ont amené à ouvrir ce havre culinaire et exotique nommé Soré. « J’adore flâner dans les épiceries ou les supermarchés asiatiques. Je m’y sens à l’aise. Mais dans les épiceries exotiques, c’est-à-dire qui proposent de l’alimentaire africain, l’expérience client ne m’était pas agréable » explique-t-elle. C’est ainsi qu’elle est retournée sur les bancs de l’école. Après une formation en management et organisation des entreprises. Et après une étude approfondie de son projet, elle a monté sa propre structure.
Le projet initial d’ouvrir une épicerie dans un premier temps s’est transformé en épicerie cantine africaine grâce à une opportunité. Et Soré est venu ajouter son grain de sel autant sur le marché de l’alimentation que sur celui de la restauration dans ce quartier central à deux pas de République. Soré est bien calé*!
« Faire la cuisine en soninké »
Soré signifie « faire la cuisine en soninké, l’ethnie dont sont originaires mes parents. C’est un clin d’œil », confie l’ex-employée du secteur de l’informatique. Cela a tout son sens. « On fait la cuisine pour la cantine mais aussi grâce à nos produits de l’épicerie, on peut faire la cuisine ». C’est so sòrócompé*.Et c’est sur une superficie de 50 m² que la cantine de Soré s’est installée au 6 rue de Marseille. Chaises d’école lustrées. Grandes tablées. Décoration épurée et moderne. Ambiance chaleureuse aux touches afro. Dans cette « cantine africaine nouvelle, ce sont des plats de mon enfance que je souhaitais proposer. Nous avons des plats qui viennent essentiellement d’Afrique de l’Ouest. Et on a un peu poussé pour aller aussi au Congo puisqu’on a aussi du saka saka » expose Sophie Behar. Chez Soré, on peut daba* à tout moment. L’amplitude horaire est large tel un traiteur. De l’entrée au dessert jusqu’au café, la trame gustative reste l’Afrique. Avec « une offre de plats simples et traditionnels où tout est fait maison avec des produits frais » avance la fondatrice de l’établissement. Dans le comptoir à l’entrée, les palais se régalent au mafé bœuf. Sauce sénégalaise Thiou. Poulet Yassa. Tiep Bou Dien. Attièke poisson. C’est versé*.
Des trésors culinaires
Soré a cette particularité. Tout ce qui se déguste peut-être aussi acheté. Ainsi, au numéro 4 de la même rue, l’épicerie africaine nouvelle prend sens avec à peu près 500 références produits. « L’idée est d’enrichir régulièrement l’offre produit côté épicerie. Donc je suis en recherche permanente d’artisans qui proposeraient des produits de qualité, tracés, suivis » développe la gérante des lieux.
Sur les présentoirs soigneusement rangés et organisés, le choix ne manque pas. La qualité non plus. Miel de Madagascar. Gari du Togo. Soumbara en bâton du Mali. Foufou de Côte d’Ivoire. Huile de palme de Guinée. Piments antillais. Chocolat du Congo. Huile de sésame du Burkina Faso. Riz rouge malgache. Gombo du Sénégal. Poivre du Cameroun. Piments végétariens. Saka saka du Congo. Bouillon cuisine naturel du Togo. Poivre noir sauvage de Madagascar. Pâte de niébé du Cameroun.
Produits frais, céréales africaines, épices, chips de fruits exotiques séchés, produits secs, vannerie de Casamance, au Sénégal, sont les mille et une saveurs que propose Soré. Ce n’est plus un conte mais une réalité claire. Le patrimoine culinaire et artisanal africain est bien calé*, rue de Marseille. Même si un proverbe africain dit : « on ne peut pas labourer, semer, récolter et manger le même jour ». Chez Soré, oui.