L’heure est à l’hamburger chez Bomayé. Un hamburger aux effluves et saveurs d’ailleurs. C’est pour ce voyage culinaire que les fondateurs, Laurent Kalala et Camille Goze, ont ouvert leur tout premier restaurant à Paris. Un travail de terrain pour faire découvrir des plats du continent noir dans ce sandwich tant prisé.
Burger Poulet Yassa du Sénégal. Burger couscous Tfaya du Maroc. Burger Garba de la Côte d’Ivoire. Telle est l’ambiance culinaire chez Bomayé dans le Xe arrondissement de Paris. Tout pour l’hamburger et les goûts tout droit venus d’Afrique. Ce n’est pas pour rien que Laurent Kalala et Camille Goze ont misé sur cette référence de la fast food. Pour les deux entrepreneurs à la tête du premier restaurant d’hamburgers façon gastronomie africaine, ce cheminement est un long processus.
Voyager pour manger
Avant Bomayé, le rêve du restaurant kitoko*, il y a eu The Nasty Belly. Le compte Instagram lancé par les deux anciens salariés du marketing pour montrer leur « amour pour la nourriture. Avant de décider d’ouvrir notre restaurant, on s’est dit que les gens devaient voir comment on aime la nourriture et comment on aime voyager » explique Laurent Kalala, originaire de la RDC. C’est de ce postulat, que les deux amoureux qui se sont rencontrés dans un concours de recrutement pour une entreprise de lingerie ont commencé à faire des captures de photos et vidéos de tout ce qu’ils ont pu manger tout au long de leurs voyages. Le but in fine est d’asseoir « leur légitimité » dans ce domaine.
Cela fait des années et des années qu’ils voyagent, qu’ils mangent, qu’ils découvrent des aliments, des plats, des saveurs, des manières de cuisiner. Tout pour tchop*.« A deux, on a énormément voyagé. On a beaucoup voyagé pour manger, toujours pour manger. On a mangé dans des endroits extraordinaires. Et à un moment, on s’est dit mais pourquoi on n’ouvrirait pas un restaurant? » confie le globe-trotteur depuis sa naissance, Laurent Kalala.
Une étude de marché 2.0
Avec plus de 60 000 followers, The Nasty Belly est plus qu’un compte food pour les deux restaurateurs. « Nous, on l’utilise comme une étude de marché. On a des archives de malade qu’on n’a jamais postées » raconte l’entrepreneur de 31 ans. Pour arriver au restaurant Bomayé, ils ont organisé un mini food tour en sélectionnant des pays. « 11 pays au total dont 4 en Afrique. La République démocratique du Congo (RDC), le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Maroc. On a vraiment été à la recherche de ce qu’on voulait mettre dans notre carte au restaurant. Et chaque pays nous a apporté quelque chose » développe l’ex-employé du marketing. Les deux aventuriers ont également collecté pleins de données sur tous les restaurants africains de qualité qu’ils ont pu faire. « On s’est rendu compte que c’était très communautaire. À chaque fois qu’on allait dans un restaurant africain, je disais à Camille, c’est la première fois que je vais dans un restaurant où c’est toi, la minoritaire » complète-il amèrement. Sans oublier qu’ils y ont retrouvé les mêmes grands plats classiques. Tout ce travail a été parachevé par un micro trottoir dans lequel les préjugés sur la nourriture africaine vont bon train pour 70% des sondés, « trop gras, trop épicé et trop sale ». Mama nangaye*.
Une collab, un nouveau plat
La question de faire tomber les barrières a cuisiné les fondateurs de Bomayé. Alors ils ont opté pour un produit « qui rassemble. Tout le monde connaît le burger. De l’enfant à l’adolescent, au jeune adulte ou au parent. Tout le monde mange le burger, lâche Laurent Kalala. On s’est dit, on va prendre un produit phare. Et on va le twister avec des saveurs africaines ». C’est ainsi qu’est né Bomayé avec pour mission de faire découvrir les saveurs africaines. Et montrer la richesse gastronomique du continent africain. « Quand on a fait un tour en Côte d’Ivoire, au Sénégal ou au Congo, on a vu qu’ils avaient plus de cent plats chacun. Alors pourquoi on se focalise sur le yassa, le mafé ou le tieboudienne. C’est dommage » conclut Lauren Kalala. Dans cette optique, Bomayé fait des collaborations tous les mois pour faire connaître un nouveau plat.
Depuis fin octobre 2022, Bomayé a ouvert ses portes rue du Paradis. Burger Poulet Mayo de la RDC. Burger Mafé du Sénégal. Burger Alloco de la Côte d’Ivoire. C’est comme ça chez Bomayé. Eza goût makasi*. Les fondateurs ne blaguent* pas avec la nourriture. Et surtout, ils « veulent casser toutes les pensées négatives sur la nourriture africaine. Avec pour objectif de démocratiser cette gastronomie afin qu’on arrête de penser qu’il n’y a qu’une seule gastronomie en Afrique ». Eza etumba*de longue haleine.
« Ali Boma ye », « Ali, Tue-le »
Ce combat est celui de Laurent Kalala et Camille Goze avec « Bomaye », qui signifie « Tue-le » en lingala, une langue parlée sur les deux rives du fleuve Congo. Tout droit tiré du combat mythique de Mohamed Ali contre George Foreman en 1974. Interdit de boxe, destitué de ses titres, il a vaincu le numéro 1 avec ce chant de supporters scandant « Ali Boma ye », « Ali, Tue-le ». Ce leitmotiv scandé par le public à Kinshasa (RDC) est « le mantra de réussite et de détermination » adopté par Laurent Kalala, aza monkonzi ya* burgers.
Pour eux, « la nourriture africaine n’est pas faite que pour les africains » souligne Laurent Kalala. Ainsi, la « Battle » des burgers aux accents d’ailleurs « inspirés des cultures africaines » est lancée avec Bomayé. Niveau*! dit-on dans les rues parisiennes.
Il est aussi éphémère que physique a soufflé l’un des fondateurs de Bomayé. La carte y est plus courte. Trois burgers, deux sandwichs et deux bowls. Mais le goût est le même. Le projet d’ouvrir d’autres lieux physiques est en réflexion. Restez concentré!
